La Fondation Harfang des neiges pour le SIDA a été établie en 1995 pour commémorer la vie et la mémoire de Louis Turpin, un jeune homme d’Ottawa décédé du SIDA à l’âge de 34 ans. Ayant quitté ce monde beaucoup trop tôt, sa famille a trouvé espoir et réconfort dans la présence d’un harfang des neiges à la fenêtre de Louis le jour de son décès. S’étant manifesté durant la dernière heure de vie de Louis, cet oiseau mystique semblait vouloir accueillir l’esprit du jeune homme et le conduire vers un espace sûr tandis que les membres de sa famille lui faisaient leurs adieux.

Initialement, la Fondation avait pour mission d’amasser des fonds au profit d’initiatives et d’organisations locales ayant pour but de prodiguer du soutien à des gens atteints du SIDA. Sa mission a depuis été élargie et englobe le Camp annuel Harfangs des neiges/Camp Snowy Owl. Dorénavant, chaque été, Lise Turpin, la directrice générale, concrétise le vœu de son frère en proposant un espace sûr à des gens de la région d’Ottawa atteints du SIDA, ainsi qu’à leurs familles, fournisseurs de soins et êtres chers.

Figurant parmi les premiers à avoir contribué au financement de ce camp, la Fondation communautaire a consenti une subvention de 10 000 $ en 2013, un camp rempli à capacité : 45 campeurs et 25 bénévoles. Proposant une expérience de plein air holistique – dont natation, kayak et canot –, le Camp Harfang des neiges célèbre la diversité des campeurs et leur prodigue des soins médicaux par l’entremise d’une infirmière autorisée présente sur place.

« Les campeurs soutiennent que le simple fait de s’éloigner de la ville durant cette semaine bien spéciale leur procure d’innombrables bienfaits, de préciser Lise. Ils ressentent un esprit de famille et un sentiment d’appartenance tout en étant à l’abri pour un temps du jugement ou du regard d’autrui. Notre camp semble leur offrir quelque chose d’unique qu’ils attendent avec impatience chaque année. Nous avons tenu quatre éditions du camp et chaque rencontre estivale a été plus joyeuse que la précédente. C’est très valorisant de participer à la création de nouveaux souvenirs heureux pour chacun de nos campeurs. »

Le camp Harfang des neiges se tient à Providence Point dans Lanark. Son succès ne connait pas de frontières. Chaque année, le nombre de demandes augmente et elles sont présentées de plus en plus tôt. Le camp reçoit des demandes de renseignements d’organismes de services liés au SIDA de toutes les régions du pays, des gens de l’extérieur de l’aire de recrutement du camp souhaitant y participer. Un organisme de Montréal a même proposé de détacher un de ses employés au camp pour savoir comment ça marche et lancer ce modèle au Québec.

« Nous sommes très heureux d’avoir pu réaliser ce rêve en mémoire de mon frère et au profit d’un si grand nombre, de déclarer Lise. C’est grâce à la générosité de notre communauté et de subventions comme celle de la Fondation communautaire d’Ottawa que nous pouvons offrir ce très précieux répit à des gens qui souvent vivent dans l’ombre. Depuis que Louis nous a quitté, le pouvoir évocateur du harfang des neiges nous a inspiré à créer cet hommage durable à sa vie, un symbole de l’amour, de la compassion et de la beauté de l’esprit humain que nous observons chaque jour dans la lutte contre le VIH et le SIDA. »

La parole aux campeurs

« J’espère me faire de nouveaux amis et renouer connaissance avec ceux que je n’ai pas vu depuis l’an dernier. Évidemment, il y a toujours des campeurs qui ne sont là qu’en esprit, leur souvenir étant teinté de joie, d’amour et de larmes. L’espoir, c’est mieux en groupe. Ensemble, chacun peut en faire le plein. Je passerai du temps avec mon enfant, ce que la vie n’autorise pas toujours. Cette maladie nous a volé une partie du temps que nous aurions dû passer ensemble. »

« Le camp…l’endroit où je peux m’affranchir durant une semaine de tout ce qui accable ma vie : mes médicaments, mes nombreux rendez-vous chez le médecin, mes efforts pour conserver un emploi sans devoir dire à mon patron que j’ai le VIH – la raison de mes nombreuses absences –, mon inquiétude de ne pouvoir régler la franchise du programme de médicaments Trillium si je devais perdre mon emploi.

Je veux que mon plus gros problème soit le suivant : Serai-je en mesure de faire tout ce que je souhaite faire durant mon séjour au camp. Faire du kayak, de la natation, de l’art et de l’artisanat, concourir aux olympiques, faire des randonnées, des feux de camp et du yoga, assister à la soirée d’amateurs, me remémorer mes amis disparus, célébrer nos vies et celles de ceux qui nous ont déjà quittés et , l’une des activités les plus appréciées, participer à la Journée du portrait de famille. Et j’en passe. »