« Pincez-moi si je rêve ». C’est ainsi qu’a réagi Bibi Patel, vice-présidente de la Fondation communautaire, quand, en novembre 2011, on lui a proposé de faire un séjour d’un mois en Inde pour y travailler et faire du bénévolat. La Fondation a également tiré profit de ce voyage car Bibi a aussi œuvré là-bas en notre nom et en celui de plusieurs de nos donateurs.

Cette invitation découle d’une très fructueuse discussion entre donateurs de la FCO que Bibi a animée à la conférence des Fondations communautaires du Canada à Vancouver, le printemps dernier. La déléguée de l’Inde l’a invitée à se rendre dans son pays pour aider sa fondation à peaufiner sa stratégie de mobilisation des donateurs. En tant que fiduciaire principale de la Fondation communautaire Nav Maharastra (Navam), la DNirmala Pandit a été étonnée du niveau de mobilisation de nos donateurs, par exemple, de leur volonté à partager avec autrui leurs anecdotes philanthropiques. Elle a su nous persuader de partager avec son équipe les connaissances et l’expérience acquises par la FCO dans ce domaine.

Avec l’aide de l’un des donateurs les plus engagés de la Fondation, son souhait a été exaucé – ainsi que celui d’un autre donateur dont il a été question dans notre rapport annuel de l’an dernier. Dans le cadre du volet bénévolat de sa grande aventure indienne, Bibi a saisi l’occasion d’enseigner à une école dirigée par le Dr Anant Anantaraman, à Tamil Nadu. Elle et son conjoint Haroon y ont enseigné diverses matières et initié les enfants à une tradition canadienne unique – et c’est avec plaisir que nous vous faisons part de quelques-uns des souvenirs personnels amassés par Bibi durant cette aventure unique en Inde. Voici des extraits des courriels hebdomadaires que Bibi a fait parvenir à la Fondation.

Tel que promis, voici le premier compte rendu de notre voyage. Il est présentement 19 h 30 à Yercaud. Nous sommes à 5 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans les montagnes de Tamil Nadu.

Quelle merveilleuse semaine passée avec le DAnantaraman et quelle belle expérience vécue avec les étudiants de son école, cette école qu’il a établie en mémoire de sa conjointe qui, de même que ses deux filles, a péri dans l’explosion d’un avion d’Air India en 1985. C’était une occasion de participer à une étape cruciale de la mise en œuvre de la philanthropie transformative. Nous avons enseigné l’anglais, les sciences sociales, les mathématiques et la poésie dans toutes les classes de l’école. Les étudiants, dont certains provenaient de milieu familial difficile et qui, autrement, n’auraient pu fréquenter l’école, bénéficient gratuitement d’une éducation, d’uniformes, de livres scolaires et de repas quotidiens.

Ici, toutes les expériences sont vraies … par exemple, il y a fréquemment des pannes d’électricité. Mais nous côtoyons des gens qui se présentent toujours sous leur meilleur jour. Je ne trouve pas les mots pour bien décrire comment sont les enfants. Ils nous ont remis, à Haroon et à moi, de nombreux cadeaux et cartes. Chaque jour, à la récréation du matin, je joue au cricket. Je suis donc très populaire auprès des garçons. Nous avons fait une balade dans la forêt dans le cadre du programme Les forêts de l’Inde et ils étaient impatients de me montrer la végétation particulière que l’on trouve littéralement à la sortie de leur école.

Ayant trimbalé tous les ingrédients d’Ottawa jusqu’au sommet de la montagne, nous avons fait des s’mores pour les enfants et les employés. Je tenais absolument à leur faire goûter un petit peu du Canada. En passant, partout où se portait mon regard, je voyais des traces d’Ottawa… dont dans le labo de sciences où des microscopes de qualité avaient été donnés par l’Université d’Ottawa. Le DAnantaraman a déjà enseigné à l’université et il entretient toujours des liens étroits avec d’anciens collègues. Des livres sur des étagères proviennent d’une école d’Ottawa, et ainsi de suite. Le drapeau canadien flotte fièrement juste à côté du drapeau indien. Même si nos hôtes nous répètent sans cesse que nos enseignements sont très appréciés, nous avons plutôt l’impression que c’est nous qui sortons gagnant de nos échanges.

Demain, c’est samedi. Nous quitterons en pleine nuit pour nous rendre à Kerala (l’autre État occidental de l’Inde) en autobus, un trajet de 8 heures. Nous partirons à 1 h 45. Même si c’est la fin de semaine, les enfants passeront la journée avec nous.

Jusqu’à maintenant, notre séjour dépasse mes attentes et il semble bien que notre voyage en Inde sort un peu de l’ordinaire. Ce soir, dans ma boîte de courriels, j’ai trouvé toutes les invitations professionnelles transmises en prévision de nos séjours à Pune et à Mumbai. Le temps de le dire et nous y serons. 

Demain, c’est samedi. Nous quitterons en pleine nuit pour nous rendre à Kerala (l’autre État occidental de l’Inde) en autobus, un trajet de 8 heures. Nous partirons à 1 h 45. Même si c’est la fin de semaine, les enfants passeront la journée avec nous.

Jusqu’à maintenant, notre séjour dépasse mes attentes et il semble bien que notre voyage en Inde sort un peu de l’ordinaire. Ce soir, dans ma boîte de courriels, j’ai trouvé toutes les invitations professionnelles transmises en prévision de nos séjours à Pune et à Mumbai. Le temps de le dire et nous y serons. 

Demain, nous quitterons Kerala pour nous rendre à Mumbai. Puis, nous irons à Pune et je devrai me retremper dans le monde des affaires et de la philanthropie. Bref, me remettre au travail!

Au début, la Dre Nirmala Pandit m’avait demandé de discuter avec elle et ses collègues de questions concernant la philanthropie stratégique et la mobilisation des donateurs. Elle avait été tellement impressionnée par les trois donateurs de la FCO membres du groupe d’experts à la conférence des FCC. Elle savait que pour obtenir un tel résultat, nous devions faire quelque chose de bien en matière de mobilisation des donateurs.

Avant même que je ne m’en rende compte, voilà que se greffait à cette simple demande la requête de faire une présentation sur la philanthropie en entreprise et les donateurs de la prochaine génération devant 6 000 employés d’une entreprise de services en TI de Pune; puis d’en faire une autre devant les membres de la Chambre de commerce, de l’industrie et de l’agriculture de Maharastra, et enfin une dernière au profit des intervenants du Centre for the Advancement of Philanthropy (CAP) à Mumbai, qui compte, parmi ses membres, des donateurs très bien nantis et des représentants d’organismes de bienfaisance et de fondations privées et d’entreprise.

Navam a vu le jour en 2003 grâce à du financement consenti par la Fondation Ford. L’organisme ne compte aucun employé rémunéré. J’ai donc passé la journée entière en réunion avec des bénévoles de la fondation, sept des femmes les plus intelligentes et les plus énergiques que j’ai jamais rencontrées, des femmes qui s’expriment facilement, des femmes engagées et passionnées.

Le lendemain, à KPIT Cummings Infosystems Limited (http://www.kpitcummins.com/), la journée a été tout aussi excitante et inspirante. Il a surtout été question de philanthropie stratégique et d’entreprise et de mobilisation des donateurs de la prochaine génération. Le leadership et la culture de l’entreprise sont très modernes. C’est l’un des cofondateurs de l’entreprise qui nous a accueilli à la porte (l’autre était sur le chemin du retour de la Californie où on lui avait remis un prix d’innovation du Wall Street Journal). Or, les dirigeants présents ont laissé le soin aux plus jeunes employés de la compagnie de diriger la rencontre– ce qui n’est pas la norme en Inde. Je me suis réjouie que, cette fois du moins, la hiérarchie ne l’emporte pas!

Au terme de notre séance de travail, nous avons parlé encore davantage de leurs actions et ils ont sollicité des conseils. J’ai été éblouie. Voilà des jeunes gens qui gagnent – relativement – beaucoup d’argent, qui vivent chez leurs parents sans qu’il ne leur en coûte rien, qui pourraient consacrer leur temps et leur argent à toutes sortes d’activités et de loisirs, et que font-ils de la fin de semaine après avoir travaillé comme des fous la semaine durant? Ils se rendent dans des bidonvilles pour aider les enfants et les jeunes qui y vivent – c’est ce qu’ils font chaque fin de semaine depuis les quatre dernières années. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Je ne pouvais que les féliciter et que leur faire une suggestion. Ayant moi-même travaillé dans le domaine des relations communautaires pour le compte d’une multinationale établie à Ottawa, j’étais tellement impressionnée par le niveau d’engagement de KPIT au plan de la responsabilité sociale, par la sensibilité et le dévouement observés chez tous les employés de l’entreprise. Tout indique que les cofondateurs estiment qu’il est vraiment important de consacrer de leurs ressources à l’amélioration de la qualité de vie de chacune des collectivités où leur entreprise fait des affaires.

Les deux autres présentations ont été tout autant marquantes. Il y a beaucoup de ressemblance entre ce qui se fait au Canada et en Inde. J’y ai entendu parler, entre autres, d’entreprises sociales, de cercles de donateurs, de projets environnementaux, de collaboration à tous les niveaux. Chaque fois, on me posait des questions à propos de l’évaluation des programmes et des projets. En Inde, on dispose d’un système très rigoureux qui prévoit des visites trimestrielles dans les organismes subventionnés afin de passer en revue leur situation financière. Ils n’en croyaient pas leurs oreilles quand je leur ai dit que nous n’exigions qu’un seul rapport à la fin du projet et que nous ne procédions pas à de fréquentes vérifications.

Le point saillant des présentations? Assurément la prouesse intellectuelle et la passion de ceux et celles qui façonnent l’Inde de demain. Je n’en reviens toujours pas.

Pour en savoir davantage à propos de la Nav Maharastra Community Foundation, rendez-vous à www.navam.org.

Le DAnant Anantaraman a établi un fonds de dotation auprès de la Fondation communautaire d’Ottawa en 2010. Il s’agit d’un façon durable d’honorer la mémoire de la famille qu’il a perdue de façon si tragique et de faire avancer des causes qui lui tiennent à cœur.

Pour en savoir plus sur la Fondation commémorative Bhawani Anantaraman, consultez www.bamf.uottawa.ca. Pour lire l’article du rapport annuel de 2010 portant sur son fonds à la Fondation communautaire, rendez-vous à ici.